11/01/21 - Aujourd’hui nous avons continué nos mesures au sud de Mohéli. Ce fut une journée assez calme avec beaucoup de repos au vu de la nuit blanche qui attend une bonne partie d’entre nous.
En effet, deux dragages sont prévus cette nuit. Aussi, les marins ainsi que les scientifiques, vont devoir se mobiliser pour être debout toute la nuit et trier ce qui sera remonté.
Je profite également de ce journal de bord, qui coïncide avec la rentrée à Mayotte, pour faire un petit rappel de tout ce qu’il s’est passé d’un point de vue scientifique depuis le début de la crise sismo-volcanique.
1) Le début de la crise sismique
En mai 2018, de nombreux séismes sont soudainement ressentis par la population mahoraise. Plus d’une dizaine par jour ont une magnitude supérieur à 3,5. Sur le graphique ci-dessous, sont représentés par des points bleus tous les séismes que Mayotte a subit durant cette période.
A titre de comparaison, le 11 novembre 2019, eu lieu un séisme de magnitude 5,4 en Ardèche qui fut largement relayé par les journaux tant l’événement était d’importance. Si on le place au niveau des axes ci-dessous, il serait représenté par le point bleu unique au bout de la flèche noire. Cela montre bien l’ampleur du phénomène à Mayotte.
Le 15 mai 2018, la situation atteint son apogée avec un séisme d’une magnitude de 5,9.
Vous pouvez voir sur le sismogramme ci-dessous l’enregistrement complet pour cette journée, tel qu’il a été reçu par la station SBV se trouvant au nord de Madagascar (https://geofon.gfz-potsdam.de/).
Cependant, l’archipel des Comores est une zone à risque sismique modéré. Le séisme le plus important de la zone date de 1918 avec une magnitude de 6,2. Et malgré quelques secousses, comme en 1993 avec un séisme de magnitude 5,2, l’endroit est relativement épargné par les aléas sismiques.
Aussi, la surveillance de la région n’était pas optimale avec juste trois stations d’enregistrements de la sismicité à Mayotte. De plus, seule une d’entre elles était connectée via internet, donc accessible en temps réel.
Il a donc été décidé d’améliorer le système d’enregistrement afin de mieux situer les séismes.
Pour cela, des sismomètres ont été installés à terre (dont le premier au collège de Chiconi) et des OBS (Ocean Bottom Seismometer), ou sismomètres fond de mer, ont été déployés dans les fonds marins à proximité de Mayotte.
Grâce à ces installations, nous avons pu localiser beaucoup plus précisément les séismes à l’est de Mayotte.
Sur cette carte, chaque cercle de couleur indique un séisme. La légende, à gauche, vous aide à repérer les profondeurs de ces séismes. Les chiffres sur les côtés de la carte correspondent aux latitudes et aux longitudes.