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Blog de la Mission Sismaoré

Entretien avec les responsables de mission
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Entretien avec Isabelle THINON

Isabelle THINON est la responsable de la mission SISMAORE

Bonjour Isabelle, Peux tu te présenter en quelques mots ?

Je suis Isabelle THINON, géologue et géophysicienne spécialisée dans l’étude géologique des bassins sédimentaires et des territoires maritimes français. Je travaille au BRGM depuis 2002. Je suis chef de projet et chercheur.

Quel est ton parcours professionnel ?

J’ai découvert la géologie à l’université de Saint-Etienne. J’ai poursuivi par un magister de l’ENS Lyon et un master en parallèle avant de réaliser une thèse en géoscience marine à l’université de Brest et l’Ifremer.
J’ai donc étudié un temps les chaînes de montagne et les volcans mais je me suis intéressée plus particulièrement à l’ouverture des domaines océaniques.
D’un point de vue technique, je suis spécialisée dans l’acquisition des données géophysiques marines et le traitement de la sismique. En fait chaque chercheur a au minimum une expertise technique et une expertise scientifique. Cela s’apprend par des stages de perfectionnement appliqués ou en recherche dans différentes écoles.
C’est ce que j’essaie de transmettre à mes étudiants, il faut qu’ils soient spécialisés évidemment dans leur domaine de recherche, mais également dans un domaine technique. Cela leur sera très utile en cas de mission scientifique comme celle-ci, mais également dans le cas où ils ne pourraient pas travailler dans le domaine de la recherche, leurs compétences techniques seront appréciées dans le privé.

Pourquoi as-tu organisé cette mission ?

En 2004, j’ai participé à la campagne d’acquisition bathymétrique BATHYMAY qui a permis de faire le relevé bathymétrique (relevé des profondeurs, voir cet article) sur les pentes de Mayotte.
Donc, quand la crise sismique a commencé, Anne LEMOINE m’a appelé pour avoir des informations sur la géologie de la région maritime. Et malheureusement notre connaissance régionale était trop limitée pour comprendre le phénomène.
Il est donc devenu évident que nous avions besoin de monter cette campagne pour acquérir des données. Pour cela, nous avons rédigé durant l’été 2018, une demande scientifique et technique auprès de la CNFH (Commission Nationale de la flotte Hauturière) et monté une équipe de scientifiques reconnus sur la région et sur les thématiques scientifiques. L’ensemble de cette équipe est très enthousiaste sur ce projet et je les en remercie.

Cette demande de campagne est analysée et classée par ordre de priorité par des scientifiques de la CNFH. Elle a été classée fin 2018 priorité 2 puis en 2019 priorité 1. En 2020, la mission SISMAORE a été programmée par la Flotte Océanographique Française pour décembre 2020-fevrier 2021.
Ainsi, le financement de cette campagne provient majoritairement de la Flotte Océanographique Française (temps de bateau, mise à disposition de l’équipage, ingénieur/technicien des opérations, billets …). C’est-à-dire qu’un bateau a été mis à notre disposition avec tout ce que cela implique (l’équipage, le kérozène, le matériel etc). Elle apporte également tout son appui dans les demandes d’autorisations de travaux auprès des différentes instances nationales et internationales ainsi que pour la mise en place de protocoles pour la protection de la faune.
Le BRGM participe également au financement (transport du matériel, billets, …), ainsi que chacun des laboratoires INSU-CNRS impliqués par la présence de leurs scientifiques à bord.
Cependant, la campagne SISMAORE nous permet uniquement d’acquérir des données, il nous reste ensuite à les traiter et les analyser. Une autre demande de financement, pour un projet de recherche appelé COYOTES, a été soumis à l’Agence Nationale de Recherche (ANR). L’obtention de ce financement permet de financer trois thèses de recherches, des stages de MASTER II, des analyses et des colloques pour que les scientifiques du projets échangent. C’est dans le cadre du projet COYOTES que les données acquises durant SISMAORE seront analysées et qu’émaneront d’éventuelles hypothèses ou conclusions. Parmi l’équipe scientifique, Charles, Pierre et Anaïs (Je vous en ferai la présentation plus tard durant la campagne) travailleront sur ces données SISMAORE durant les 3 années de leurs thèses.

Quel est ton rôle exactement à bord du navire ?

Je suis chef de mission. C’est-à-dire que c’est à moi que revient la responsabilité de la réalisation des objectifs scientifiques, tout en suivant les protocoles demandés (sanitaires, législatifs, administratifs, sécurité, …) dans une ambiance amicale et très riche scientifiquement.

J’ai également participé aux réunions de préparation avant l’embarquement, j’ai choisi les référents experts pour chaque opération. Il fallait avoir la meilleure équipe possible et je pense l’avoir !
Avant l’embarquement, je dois aussi m’occuper, avec l’aide de mes assistantes, que chacun ont leur billets d’avion, du transport du matériel scientifique et des échantillons pour le retour.
A bord, j’organise les opérations et fournis au bord les travaux à réaliser (les routes maritimes, les points de mesure...) après concertation avec l’équipe scientifique. Je dois aussi prendre des décisions et réaliser le planning indiquant quelle mesure devra être réalisée avant quelle autre etc...

Je ne fais évidemment pas cela toute seule puisque nous sommes une équipe, de plus très impliquée, donc il y a toujours beaucoup de discussions. Mais c’est à moi de faire en sorte de suivre les objectifs initiaux tout en étant ouverte à d’éventuelles modifications puisque nous sommes tout de même une campagne d’exploration.

Un chef de mission c’est en fait un chef d’orchestre et tous ces scientifiques sont les meilleurs musiciens possibles.
Évidemment je dois déléguer certaines tâches à des personnes comme Anne qui est en charge entre autre de la gestion des quarts, ou Sylvie qui va m’aider dans le suivi de l’acquisition et le traitement des données sismiques.
Il y a également des référents à tous les postes par exemple en carottage ou en dragage.

A la fin, le chef de mission doit aussi rédiger le rapport public de la flotte et s’assurer que toutes les données soient accessibles au public après un temps dédié à l’analyse. En tant que chef de mission, on se doit de diffuser les résultats.

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Auteur : Jocelyn Jacquot
publié le dimanche 27 décembre 2020