Entretien avec Anne LEMOINE
Anne LEMOINE est co-responsable de la mission SISMAORE
Bonjour Anne, peux tu te présenter en quelques mots ?
Je suis Anne LEMOINE sismologue spécialisée dans les tremblements de terre et tsunamis au BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières).
Quel est ton parcours professionnel ?
J’ai suivi une formation de physicienne jusqu’à la maîtrise (bac +4), puis un DEA (bac +5) en géophysique et une thèse en sismologie à l’Ecole Normale Supérieure à Paris. Ensuite j’ai enseigné à l’Université de Strasbourg avant de partir au Chili où j’ai décroché un CDD de recherche en tant que PostDoc (Un PostDoc ou Post-Doctorant est le statut d’une personne après l’obtention de sa thèse et donc de son titre de Docteur. Ici, Anne LEMOINE est Docteur en sismologie). Enfin, je suis retournée travailler à Paris.
Qu’est ce qui t’a amené à t’intéresser à la crise sismo-volcanique de Mayotte ?
Mon travail consiste avant tout à comprendre les contextes dans lesquels ont lieu les tremblements de terre afin de mieux expliquer les effets de ceux-ci et d’en anticiper les aléas (Un aléa est la probabilité de survenu d’un événement).
J’ai été impliqué directement dans la crise de Mayotte de part mon travail au BRGM. En effet, seul ce bureau possédait une station sismique sur cette île habituellement assez calme. Aussi, dès que les premiers tremblements de terre en mai 2018 se sont fait ressentir, j’ai travaillé au sein de l’équipe qui a surveillé la sismicité (catalogage des séismes, localisation, mesure de l’énergie libérée …) et qui a contribué à la mise en place de nouvelles stations sur l’île (Notamment la première à l’école de Chiconi avec Didier BERTIL). Il a fallu ensuite analyser les données et regarder ce qu’il s’était déjà produit dans le passé pour comprendre l’activité actuelle.
Ces recherches ne peuvent pas se faire seules mais en équipe pluridisciplinaires avec beaucoup de données. Et notamment des données bibliographiques. Par exemple, au Japon, nous pouvons retrouver dans les livres les témoignages de très anciens séismes et ce de manière assez bien documentée.
En revanche, ce n’est pas le cas pour la zone des Comores où nous n’avons que très peu d’informations bibliographiques, mais également un manque de données scientifiques. Aucune carte sur les failles actives de la zone, très peu de connaissances sur la constitution de la croûte etc. Tout cela forme des verrous scientifiques et pose donc de très nombreuses questions !
C’est donc grâce à des missions comme SISMAORE que nous allons pouvoir tenter de lever une partie de ces verrous.
Est-ce ta première mission en mer ?
Non c’est ma troisième. J’ai participé à Mayobs1 qui a eu lieu en mai 2019 soit un an après le début de la crise. En effet, suite au travail effectué durant l’année écoulée, je faisais parti des personnes les plus expérimentées sur ce phénomène. C’est durant cette mission que nous avons découvert le volcan.
J’ai aussi travaillé sur Mayobs2 en juin 2019 et sur SISMAORE aujourd’hui.
Quel est ton rôle sur cette mission ?
Je suis co-cheffe de mission et responsable de la mise en place des quarts. De part mon travail sur les aléas sismiques et les tsunamis, je vais essayer d’organiser les découvertes afin de faire un pont entre la recherche fondamentale et la mesure des aléas.